Iseult Perrault
Take Away
8 Rue des Vieux-Grenadiers, 1205, Genève.
30.09.22–27.10.22

Iseult Perrault explore les relations que l’on entretient avec les paysages. Entre fiction, artificialité et mémoire, elle cherche à créer des univers fictifs, un mélange de formes tirées du réel et de son imaginaire. Elle questionne l’évolution de nos liens sensibles aux environnements naturels et leurs représentations picturales.
TAKE AWAY prend place dans cette recherche comme nouvel élément allégorique d’un paysage en perpétuel construction. Chacun des végétaux trouve son origine dans les découvertes quotidiennes de l’artiste, les peintures étant le lexique détaillé d’une collec- tion d’images de plantes qu’elle alimente assidûment. Herbiers, jardins ou magasins de botanique influencent les panoramas oniriques présents sur la toile. Le sentiment irréel qui émane de ces représentations tient d’une distorsion idéalisée par l’artiste. Ainsi les proportions de même que les couleurs sont souvent poussées aux limites du probable et invite le spectateur à abandonner toute forme de rationalité.

Malgré la distorsion, le médium résiste à toute altération et assoit ses caractéristiques d’objet domestique nécessaire à la vie quotidienne du logis. La toile peinte et tendue sur châssis s’accorde d’un cadre et d’une surface d’accroche propre aux contraintes picturales classiques. Cette notion opère un va-et-vient entre le lieu et les oeuvres qu’il contient. L’espace difficilement identifiable ne relève rien d’intime ou de familier, ses in- dices visuels orientent davantage vers le milieu bureaucratique que vers celui du foyer. Ainsi les panneaux sont les parcelles projetées d’un milieu habitable vers un milieu en attente d’identité. Ils restituent finalement à la peinture son statut personnifiable de pro- tagoniste au quotidien.

Les cadres de dimensions variables ont plusieurs fonctions. Ils sont le garde-fou de po- tentielles altérations mais agissent également comme équilibre visuel important à la com- position des peintures. Si l’artiste s’intéresse à l’organique, c’est souvent par la présence d’éléments architecturaux que celui-ci se voit mis en valeur. Certains cadres sont aussi le réceptacle d’objets divers, ils arborent alors le statut de vide-poche et étendent leur apparente fonction. Les éléments choisis offrent différentes possibilités narratives, appor- tant aux paysages un lien à nouveau domestique. L’utilité de ces derniers est à question- ner puisqu’à peine reconnaissables ils affichent le postulat abstrait d’un objet dans un espace d’exposition. Contrairement à l’accrochage bien épinglé des oeuvres, ils sont ici posés comme de petits utilitaires en attente d’une réactivation.

Le titre de l’exposition connecte les différentes notions de mouvements présentes dans la démarche de l’artiste. Les murs empruntés au logis, les objets posés dans les cadres que l’on est tenté de s’approprier et l’aspect transitionnel des peintures qui attendent leur prochain départ sont les liants d’un paysage en constante mutation.